L’égo est la conscience et la protection de notre Corps, mais aussi un obstacle pour la Lumière, un obstacle au Bonheur.
L’égo possède une forme. Toute é-motion, ou énergie de mouvement, qui a été reçue et stockée par notre égo nous repousse hors du Centre. Ce sont nos souffrances, nos douleurs, nos traumas, nos désirs, nos manques, nos envies, nos besoins, nos peurs, nos projections, ... “j’ai mal”, “j’ai besoin”, “je veux”..., mais aussi les é-motions dites «positives»: nos passions, nos exaltations, nos emballements... “je suis amoureux”, “je me réjouis”, “j’exulte”... Ce sont tous nos mouvements.
Le Centre c’est : la Non-Forme, l’Immobilité, le Bonheur, la Liberté, la Beauté, le Bien, le Bon, la Lumière.... Dieu, l’Être.
Beaucoup d’é-motion accumulée dans une direction, p.ex. “j’ai été dominé” ou “j’ai été dévalorisé”, peut s’exprimer dans cette même direction, mais aussi dans la direction exactement opposée, p.ex. “je suis indépendant et contrôle tout” ou “je suis arrogant”, en tant que compensation, comme le mouvement d’un pendule. Cependant, cette réaction ne s’exprimera pas sur un autre rayon, p.ex. “j’ai peur”.
La réaction est une contrainte, et non pas une liberté. C’est une lutte.
La réaction peut même s’aggraver par un surplus d’é-motion. “J’ai eu mal, je vais redoubler d’ardeur pour ne plus avoir mal”. P.ex. une dévalorisation peut s’exprimer par une arrogance pire, une domination par une besoin d’indépendance et de contrôle aggravé.
Une réaction signifie au moins fortifier la forme, sinon même la changer, donc fortifier ou recréer un nouvel égo, mais absolument pas s’en débarrasser ! La réaction n’est donc pas la solution, mais un problème de plus.
Le but ultime de la vie c’est de se débarrasser de cette forme, de cette é-motion stockée, par une réduction vers le Centre. C’est la solution ou la dissolution de la forme. C’est aussi la fin du Cycle, le Saṃsāra oriental, c’est la Réintégration.
Ainsi, toute é-motion poussant hors du Centre signifie “faire quelque chose”, comme aussi la réaction, qui est une ré-action, une nouvelle action.
Être au Centre signifie “plus rien faire”. Il n’y a plus de mouvements, plus d’actions, plus de réactions, plus de contraintes, plus de luttes, mais un équilibre parfait de l’énergie : la Paix, le Bonheur, l’Illumination, l’Être...
Déjà la re-connaissance de cette forme, de ces besoins de mouvements de l’égo, des souffrances, désirs, traumas, manques, passions, exaltations... constitue une partie de la solution. On devient ainsi spectateur des mouvements, on devient spectateur de son égo, on reconnaît le besoin d’action et de réaction, et l’objet, poussé par des réactions dans une direction ou dans une autre, devient sujet, il devient libre de l’action, il n’a plus besoin de lutter, et il peut choisir la manière de libérer son énergie, et il peut le faire de manière la plus constructive et harmonieuse possible.
Le miroir est un bon moyen pour devenir spectateur. Un maître, un guide, un instructeur, ou même un thérapeute, peuvent faire office de miroir, nous réfléchissant notre image non altérée par l’é-motion.
Mais, plus simple, si on s’écoutait parler des autres, la plupart du temps, on se retrouverait dans ce qu’on leur reproche. On entendrait notre action ou notre ré-action et on pourrait observer un rayon de notre forme, on reconnaîtrait notre égo.
De même, en écoutant les reproches des autres à notre encontre, on entend souvent leurs souffrances, leur mal-être, leur forme.
La dissolution de la forme se passe en deux étapes : 1) ne plus accumuler d’é-motion et 2) libérer l’é-motion déjà accumulée. Est-ce une dissolution ou 10 solutions ?
1) La fin de l’accumulation provient de l’observation, souvent répétée, du même spectacle. Une prise de conscience, p.ex. par un miroir, permet de s’en détacher, de savoir qu’il ne s’agit que d’une action menée dans un but de protection. Même si le spectacle connu se reproduisait encore dans le futur, il serait vite reconnu par le sujet, et non plus l’objet du spectacle, qui devient alors observateur. Notre “démon” est re-connu et accepté.
Sans acceptation, pas de pardon.
Dans un premier temps, l’é-motion reçue sera évacuée le plus immédiatement possible, évitant ainsi l’accumulation. P.ex. “j’ai peur”, “je crie” et l’énergie est dissipée.
Dans un dernier temps, l’é-motion ne nous touchera plus, nous serons transparents, ou trans-parents, car nos parents ont bien été les premières relations par lesquelles cette forme s’est manifestée, ces protections ce sont mises en place, soit dans la même direction que l’action originelle, soit dans la direction opposée, la ré-action.
2) La libération de l’accumulation se fait par une action constructive, qui devient ainsi une non-action. Tous les Arts, toutes les transmutations d’une énergie en quelque chose de Beau, de Bien, de Bon, en sont des exemples.
Une société aussi possède une forme, un égo, qui favorise l’apparition de la même forme au niveau des individus, et inversement. Tous les phénomènes de mode, tous les travers d’une société sont des manifestations de la forme de cette société. P.ex. les critères esthétiques changent à travers le temps, la forme, la Beauté non, le Centre.
On peut aussi observer des actions et des ré-actions à travers les temps. La génération d’une société après-guerre aura tendance à devenir altruiste et solidaire, alors que la génération suivante pourra aller dans une direction opposée, individualiste et égotique.
Toutes les Voies, toutes les Initiations, ont pour but d’atteindre le Centre. Et comme la dissolution de la forme ne se fait pas un clin d’oeil, il n’y a pas de Voie facile et rapide. Et comme les Voies ne s’inscrivent pas dans un phénomène de mode, elles sont souvent contraires à l’esprit d’une société. Et comme elles ont pour but la fin de la forme, elles sont désagréables, pénibles et heurtent nos habitudes et nos conforts.
NEB SA RE