La Peur Inhérente de sa Perte
Le pouvoir, que ce soit dans la sphère politique, économique, ou sociale, est un désir profondément ancré dans la psyché humaine. Certains y voient un moyen d'atteindre la liberté, la sécurité ou la reconnaissance. Cependant, le chemin du pouvoir est parsemé d'angoisses. Plus on acquiert de pouvoir, plus on développe une crainte viscérale de le perdre. Cette peur, à son tour, génère un désir toujours croissant de s'accaparer encore plus de pouvoir, créant un cercle vicieux.
Le philosophe Jean-Jacques Rousseau a fait remarquer que : "L'homme est né libre, et partout il est dans les fers." Pour lui, la société crée des inégalités artificielles et le pouvoir est l'une des principales chaînes qui entravent l'homme. Toutefois, ceux qui détiennent le pouvoir sont également enchaînés, non pas par le manque de liberté, mais par la peur de perdre leur statut.
Friedrich Nietzsche, dans sa critique de la morale traditionnelle, a observé que le désir de pouvoir est fondamentalement ancré dans la nature humaine. Il a écrit : "Là où je trouvai l'être vivant, là je trouvai la volonté de puissance." Cependant, cette volonté de puissance est à double tranchant. D'une part, elle pousse l'individu à atteindre des sommets. D'autre part, elle engendre une insécurité permanente.
Cette insécurité qui découle du pouvoir conduit souvent à une accumulation insatiable de celui-ci. Platon, dans "La République", discute de la nature insatiable des désirs humains, en particulier du pouvoir. Plus on en a, plus on en veut. Ainsi, cette ambition peut engendrer une soif de pouvoir qui va au-delà de ce qui est nécessaire ou même bénéfique.
Ce désir accru de pouvoir découle d'une tentative de pallier l'insécurité. C'est un cercle vicieux : plus on a de pouvoir, plus on a peur de le perdre, ce qui conduit à rechercher encore plus de pouvoir pour se sentir en sécurité.
La quête du pouvoir peut mener à l'aliénation, à l'isolation et à des décisions autoritaires. Comme l'a déclaré Lord Acton : "Le pouvoir tend à corrompre, et le pouvoir absolu corrompt absolument."
L'ironie du pouvoir est que, bien qu'il offre des avantages et une influence manifestes, il apporte également une vulnérabilité inhérente. Les dirigeants, les magnats et les influents de tous bords feraient bien de se rappeler que le pouvoir, lorsqu'il est poursuivi aveuglément, peut s'avérer être une prison dorée. Reconnaître la dualité du pouvoir – son potentiel à la fois libérateur et oppressif – est essentiel pour naviguer avec sagesse dans les eaux tumultueuses de l'influence et de l'autorité.
Entre la Peur de la Mort et la Crainte du Peuple
Dans la stratosphère de la richesse et du pouvoir, les multimilliardaires dominent, jouissant d'une influence et d'une portée que peu peuvent imaginer. Mais malgré leur position élevée, ils ne sont pas exemptés des craintes humaines les plus profondes. Deux d'entre elles se distinguent particulièrement : la mortalité, cette fin inévitable qui obsède leur esprit, et la puissance du peuple, une force indomptable qui, dans certaines circonstances, pourrait remettre en question leur suprématie.
Malgré leurs fortunes colossales, les multimilliardaires ne peuvent échapper à la réalité implacable de la finitude humaine. Cette réalité devient alors une ombre qui plane sur leur existence, les incitant souvent à canaliser d'énormes ressources dans des recherches médicales de pointe, des technologies de prolongation de la vie et même des initiatives futuristes axées sur l'immortalité.
L'idée que la richesse pourrait potentiellement acheter plus de temps, ou même échapper complètement à la faucheuse, devient une quête, transformant leur peur en une obsession insatiable de surmonter la mort par tous les moyens possibles.
La deuxième grande crainte est celle du pouvoir du peuple. Les mouvements populaires, les révolutions et les soulèvements ont souvent pris pour cible les élites dominantes. Conscients de cette menace, certains multimilliardaires peuvent envisager des stratégies pour neutraliser ou diminuer ce pouvoir.
C'est ici que des notions controversées comme la réduction de la population mondiale et l'eugénisme peuvent entrer en jeu. La première peut être perçue comme une tentative de diminuer le nombre de voix dissidentes, créant une société plus facilement gérable (Les Guides Stones et leurs 500 millions d'être humains sur Terre). L'eugénisme, quant à lui, pourrait être envisagé comme une façon de créer une classe d'élites "génétiquement supérieures", renforçant ainsi leur propre statut et légitimant leur contrôle. L'asservissement des peuples, qu'il soit littéral ou via des mécanismes économiques et sociaux, devient alors une stratégie pour maintenir le contrôle.
La combinaison de ces peurs et des actions entreprises pour les contrer peut avoir des implications graves pour l'humanité. En cherchant à solidifier leur pouvoir et à échapper à leurs angoisses, ces titans de la richesse peuvent emprunter des voies qui exacerbent les inégalités, compromettent les droits de l'homme et mettent en péril le tissu social.
Les multimilliardaires, bien que détenant un pouvoir impressionnant, ne sont pas immunisés contre les peurs inhérentes à la condition humaine. Cependant, la manière dont ils choisissent de répondre à ces peurs peut modeler le destin de millions, voire de milliards de personnes. Il est donc crucial d'examiner et de contester ces dynamiques de pouvoir pour assurer un avenir équilibré et juste pour tous.
La Voie Libératrice
Face à l'inexorabilité de la mort et aux complexités du pouvoir, il est évident que la richesse matérielle et la domination ne fournissent pas de solutions définitives. Comme l'a dit Sénèque : "Ce n'est pas l'homme qui possède peu qui est pauvre, mais celui qui désire davantage." La quête incessante de pouvoir et d'immortalité, bien que compréhensible, est fondamentalement une bataille contre les courants naturels de l'existence. Gandhi le formule élégamment : "Il y a assez sur terre pour répondre aux besoins de tous, mais pas assez pour satisfaire la cupidité de chacun."
La spiritualité, en revanche, offre une perspective différente. Comme le rappelle Rumi : "Tout ce que vous possédez de valeur est ce que vous êtes." Elle invite à embrasser la nature éphémère de l'existence, à chercher un sens qui dépasse le soi matériel et à reconnaître l'interconnexion de tous les êtres. Au lieu de se concentrer sur la domination ou l'évasion, la spiritualité encourage la contemplation, la compassion et la compréhension.
En s'engageant dans une démarche spirituelle, les individus peuvent trouver une paix et une acceptation qui ne sont pas liées aux caprices du monde matériel. C'est une voie qui, selon Saint Augustin, met l'accent sur "le voyage intérieur", permettant une réconciliation avec la mortalité, une acceptation des limites humaines et une connexion profonde avec les autres et avec l'univers.
Pour les puissants de ce monde, la spiritualité pourrait servir de rappel que, comme l'a déclaré Martin Luther King Jr., "le véritable pouvoir réside non pas dans la domination ou la possession, mais dans la capacité de comprendre, d'aimer et d'accepter". Dans un monde de complexités et d'incertitudes, la spiritualité, à la lumière des mots d'Albert Einstein, demeure "une boussole fiable, guidant les âmes vers une paix et une plénitude véritables."
Yann Leray @ 2023