Réhabilitation de la Souffrance

27 Juillet 2024 , Rédigé par Yann Leray Publié dans #Bien-Être, #Spiritualité

Souffrance, libération, ombre, lumière

Dans les profondeurs de l'expérience humaine, la douleur et la souffrance se manifestent souvent comme des entités écrasantes, parfois indissociables, mais profondément distinctes dans leur essence et leur impact. Tandis que la douleur est une sensation physique ou psychique concrète, souvent aiguë et identifiable, la souffrance englobe une dimension plus vaste, intégrant des aspects émotionnels et mentaux qui résonnent avec les profondeurs de notre être. Cette souffrance, qu’elle soit physique, émotionnelle ou mentale, peut devenir un vecteur de changement, nous signalant qu'il existe des aspects de notre comportement ou de notre perception qui requièrent une attention et une transformation.

La Souffrance comme Indicateur 

Dans une exploration de la souffrance humaine, nous pouvons envisager celle-ci non seulement comme un signal d'alarme physique ou émotionnel, mais également comme un indicateur de désalignement spirituel. Cette perspective se nourrit en partie de la mystique de la langue des oiseaux, où les mots eux-mêmes portent des couches de signification qui transcendent leur utilisation quotidienne. Le terme "maladie", souvent interprété comme "mal a dit", révèle cette dimension : la maladie "parle" du mal, du déséquilibre, du désaccord fondamental de l'être avec son environnement ou avec lui-même.

L'interprétation mystique s'étend plus loin en analysant la terminaison "d-i-e" du mot maladie, suggérant "mal à Dieu". Cette expression peut être comprise comme une dissonance ou une disharmonie avec le Divin, avec la Lumière ou l'Amour universel qui cherche à s'exprimer à travers nous. Lorsque notre vie, nos pensées ou nos actions sont en contradiction avec ces principes divins, nous entrons en résistance non seulement contre l'ordre naturel mais contre notre propre nature spirituelle. Cette résistance peut se manifester sous diverses formes : stress, anxiété, dépression, ou maladies physiques, signes que notre être tout entier lutte contre un désalignement fondamental.

Cette résistance crée des "zones d'ombre" dans notre psyché et dans notre corps physique. Ces zones sont des espaces de non-lumière, de non-amour — des lieux où la douleur et la souffrance prennent racine et s'épanouissent. Comme l'ombre ne peut exister sans lumière, ces zones d'ombre ne se manifestent que par notre refus d'embrasser pleinement la lumière disponible. Elles indiquent où nous devons chercher à réintroduire l'harmonie et la connexion divine.

Changer pour se Réaligner 

La guérison spirituelle, dans son essence la plus profonde, est un processus de réalignement avec le divin, une démarche qui implique souvent une introspection à la fois profonde et parfois douloureuse. Cet examen intérieur nous amène à confronter et à intégrer les aspects de notre existence qui nous ont éloignés de notre essence la plus pure. Des pratiques telles que la méditation, la prière offrent des voies pour commencer à dissiper les zones d'ombre qui obscurcissent notre âme, réintroduisant ainsi la lumière et diminuant la souffrance qui y est ancrée.

La souffrance, loin d'être une simple adversité à fuir, se révèle être un guide précieux. Elle illumine les chemins cachés de notre croissance spirituelle, montrant clairement les domaines où notre alignement avec la lumière divine est obstrué ou brisé. En reconnaissant et en répondant à ces signaux, nous ne faisons pas que guérir : nous transformons notre expérience de la souffrance en une opportunité pour un renouveau spirituel profond et une réconciliation avec notre dimension divine.

Cette guérison requiert que nous reconnaissions et modifiions les aspects de notre vie en désaccord avec notre vrai nature. La souffrance nous pousse à examiner nos valeurs et nos comportements, nous incitant à abandonner les réflexes de notre nature bassement animale, tels que le désir de possession, la comparaison incessante, et la quête de pouvoir. Ces comportements, souvent motivés par la peur et l'insécurité, agissent comme des barrières qui nous séparent de notre vrai moi et plus encore du soi, flux harmonieux de la vie.

En nous libérant de ces chaînes, nous ouvrons nos cœurs à l'accueil de nouvelles énergies. Cela signifie souvent abandonner une partie de ce que nous croyons être essentiel pour nous (comme certaines possessions ou des prérogatives de pouvoir) pour accueillir ce qui est véritablement enrichissant et aligné avec notre but spirituel. En faisant ainsi, nous ne perdons pas ; au contraire, nous gagnons une liberté plus grande, une paix plus profonde, et une connexion plus authentique avec l’univers tout entier.

Le Soi comme Guide 

La quête de guérison et de libération de notre souffrance se trouve, non pas à l'extérieur, mais profondément ancrée dans notre Soi. Ce Soi est une part essentielle de notre être, celle qui ne réclame rien mais offre constamment son amour et sa sagesse. Toutefois, cette voix est souvent noyée dans le vacarme incessant de nos pensées et le chaos de nos vies quotidiennes. Pour l'entendre, il est impératif de créer un espace de silence intérieur, un sanctuaire de paix loin du tumulte extérieur.

Le Soi est comparé à un passager silencieux, une présence discrète mais constante qui connaît la véritable destination de notre existence. Il détient une compréhension profonde de notre parcours et sait instinctivement quel chemin nous devrions prendre pour atteindre notre plein potentiel. Pourtant, ce guide intérieur n'impose pas sa direction ; il requiert plutôt notre attention et notre écoute pour se manifester.

Dans un monde où l'agitation et les distractions extérieures abondent, faire silence en soi devient une discipline spirituelle essentielle. Ce silence n'est pas simplement l'absence de bruit, mais un état de pleine conscience, de présence à soi, où chaque pensée est observée mais non alimentée par le tumulte émotionnel ou mental. C'est dans cet espace de clarté et de calme que le Soi peut enfin s'exprimer et être entendu.

Voir la souffrance comme un klaxon, un signal d'alarme, est une métaphore puissante. Elle nous rappelle que lorsque nous ressentons de la douleur ou de la détresse, c'est souvent un indicateur que notre Soi a quelque chose d'important à nous communiquer. Peut-être avons-nous dévié de notre chemin, ignoré nos besoins profonds, ou renoncé à notre essence pour répondre à des attentes extérieures. La souffrance nous appelle alors à revenir à l'intérieur, à réajuster notre parcours et à écouter plus attentivement ce "passager si précieux", ce guide spirituel intime qui aspire à nous rapprocher des "cieux" — un état de réalisation et d'harmonie avec notre nature la plus élevée.

La Promesse de l'Aube

Dans les murmures du vent et le scintillement des étoiles, il y a une mélodie qui parle à l'âme, un chant silencieux que seul le cœur peut entendre. La souffrance, souvent perçue comme une ombre froide sur notre chemin de vie, détient en réalité les clés d'une sagesse ancestrale, une invitation à redécouvrir notre lumière intérieure et à reconstruire notre lien avec l'infini.

Quand nous embrassons la souffrance non pas comme un ennemi mais comme un messager du divin, nous ouvrons les portes à une transformation profonde. Chaque douleur, chaque moment de désespoir est une étincelle divine qui nous pousse à chercher plus profondément, à écouter plus attentivement et à aimer plus courageusement. Ce n'est pas dans le bruit des acclamations mais dans le silence de notre solitude que nous rencontrons le Soi, ce guide immuable et paisible qui attend patiemment de nous révéler la route vers une harmonie plus grande.

Changer notre regard sur la souffrance, c'est permettre à notre esprit de se libérer des chaînes de la peur et de l'illusion. C'est reconnaître que chaque épreuve est un pas vers une plus grande clarté, que chaque larme a le pouvoir de laver les voiles qui obscurcissent notre vision divine. Dans ce voyage, la foi et l'espoir ne sont pas de vagues concepts mais des flambeaux qui éclairent notre chemin, des étoiles qui guident nos pas dans la nuit de l'existence.

Lorsque nous comprenons que la douleur est un appel à revenir à ce qui est essentiel, à ce qui est sacré en nous et autour de nous, nous commençons à voir chaque moment de souffrance non comme la fin d'un rêve, mais comme l'aube d'une renaissance où notre être tout entier peut s'épanouir dans la splendeur de la Lumière. Ainsi, même dans les profondeurs de notre désarroi, il existe une promesse d'éveil, un chant d'amour qui attend d'être entendu.

Faisons donc de notre souffrance non pas une prison de douleur, mais un pèlerinage vers une lumière plus grande. Que ce chemin soit parsemé de moments de révélation où chaque souffle devient une prière, et chaque pas, un acte de foi. Dans cette quête, la lumière ne se trouve pas au bout du tunnel, elle émane de nous, rayonnante, guidant nos âmes vers l'harmonie ultime.

Yann LERAY @ 2024

 

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M
Douleur et illumination<br /> <br /> Il y a une trentaine d'années de cela, suite à une opération lourde à la colonne vertébral, la douleur m'a permis d'accéder à cet état d'être... de lumière.<br /> Au réveil en chambre, après le "dégazage" qui nous coupe de tout, la douleur est apparue. Puissante, un animal me chiquais les vertèbre, un bus m'a roulé dessus, une rage de dent multipliée par mille située dans le bas du dos...J'ai appelé l'infirmier qui m'a 'chouté' à la morphine, mais rien ni fit. Je me suis dis"il n'y plus que toi et elle, il faut que tu l'acceptes, tu devras vivre avec", dans ce lâcher prise et cette acceptation, il c'est produit un phénomène auquel je ne m'attendais pas. J'ai quitté mon corps dense, j'étais lumière dans la lumière et l'état d'être dans lequel je me suis retrouvé n'a pas de mots pour être définis, mais est partagé par tous ceux qui l'on vécu. J'ai vu 'mon corps', sombre, froid et lourd comme le fer de mon lit avec lequel j'avais le sentiment qu'il faisait bloc, alors que j'étais aussi subtil que la lumière, mais vivant dedans.<br /> Des années plus tard, j'ai appris que je n'avais pas les "capteurs" pour la morphine et ses dérivés et que l'expérience que j'avais vécue étais bien réelle et non le fruit d'un délire initié par les drogues injectées tel que l'on toujours maintenu les pseudos médecins.<br /> Maintenant, j'apprécie la quiétude de ce vécu et toute sa dimension, sans peur, et n' ÊTRE qu' UN.<br /> Les douleurs que je ressent sont autant de rappel que si l'on s'éloigne du soleil, il fait froid ;-)<br /> <br /> <br /> Comme disent les oiseaux<br /> La Quiétude est une Qui étude<br /> un Qui est tu<br /> ou encore "Qui est tu D...'<br /> Alors être Quiet c'est aussi être QUI EST<br /> <br /> Fraternellement
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