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Les Amis d'Hermès

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Le Webzine Ésotérique. Voyagez à Travers l'Inconnu et l'Éternel. Découvrez la Spiritualité, les Mystères, l'Alchimie, la Philosophie, les Traditions anciennes ou modernes, les Principes du Bien-Être et bien plus encore...


Confession d’un Pèlerin : Au-delà du Savoir

Publié par Yann Leray sur 19 Juin 2024, 09:02am

Catégories : #Spiritualité

Réflexion, confession, savoir, connaissance, sagesse

Durant des années, j'ai consacré mon temps et mon esprit à une quête incessante de connaissance. J'ai ingéré des textes avec une avidité presque insatiable, m'abreuvant à la source des mots et des idées, dans un désir ardent de saisir l'essence même du symbolisme et de maîtriser les arènes complexes de la dialectique. Chaque livre ouvert, chaque page tournée était une promesse de découverte, une invitation à plonger encore plus profondément dans les abysses de la compréhension de l'Univers.

Mon voyage intellectuel s'est déroulé sur les vastes mers du savoir, où chaque vague de connaissance semblait me rapprocher du rivage de la compréhension ultime. Mais dans cette quête, j'étais souvent pris dans les filets de l'argumentation, me débattant contre les pièges de la logique et les illusions du savoir. Le pouvoir de comprendre et de décomposer les idées en leurs composantes semblait être une arme, un outil de navigation dans ce monde.

Ces outils de l'esprit, offerts par une culture occidentale qui valorise la rationalité et les performances, étaient présentés comme des dons précieux. Ils étaient les instruments par lesquels j'espérais naviguer avec succès dans un monde en perpétuelle quête de certitudes. L'Occident, avec son héritage de pensée analytique et scientifique, m'a fourni une carte, pensais-je, qui me permettrait de décrypter le labyrinthe de l'existence.

Pourtant, à mesure que je progressais, je réalisais que ces outils, bien qu'utiles, pouvaient aussi être restrictifs. Ils encadraient la réalité dans des termes définis, enfermant parfois la vérité dans des boîtes rigides de théories et de concepts qui, bien que séduisants, risquaient de me détourner des vérités plus profondes et plus nuancées de la vie. La société qui les valorisait ne cherchait pas tant à illuminer qu'à construire des systèmes de pensée performants, efficaces, souvent au détriment de l'exploration de l'inconnu et de l'immatériel.

Ainsi, mon engagement dans cette voie s'est transformé avec le temps, devenant une introspection sur la nature même de la connaissance et de la compréhension. J'ai commencé à questionner non seulement ce que je savais, mais aussi comment je le savais, et ce que cela signifiait dans le grand schéma de ma quête personnelle de vérité et de sens.

 

Puis, un jour, épuisé par cette incessante quête de savoir, je me suis arrêté pour contempler le chemin parcouru. Je me suis interrogé sur ma progression dans la recherche de la spiritualité, du bonheur et du divin. À ma grande consternation, la réponse fut d'une clarté déconcertante : j'étais nulle part. J'avais accumulé des montagnes de théories, érigé des bibliothèques de savoirs, et construit des fortifications de dogmes et de croyances. Pourtant, malgré cette profusion de connaissances, je me sentais comme un naufragé sur une île déserte, isolé au milieu d'un océan de concepts intellectuels, sans un véritable lien avec la vérité spirituelle que je cherchais tant.

Mon égo, lui, s'était comporté comme le bœuf gourmand des fables de La Fontaine. Il s'était nourri avec voracité de chaque mot lu et de chaque idée apprise, engloutissant avidement les concepts comme s'ils étaient sa seule subsistance. Au fil des ans, cet égo était devenu énorme, un véritable titan de la pensée, dominé par une soif insatiable de reconnaissance intellectuelle. Mais au fond, malgré sa taille imposante, il était vide de substance véritable, une coquille brillante et sonore, résonnant d'échos vides, dépourvue de la moindre trace de la sagesse véritable que je poursuivais.

Cette prise de conscience fut un moment de révélation douloureuse. J'avais consacré des années à remplir mon esprit, à l'engraisser avec des informations et des arguments, croyant naïvement que cela me rapprocherait du divin, de la vérité ultime. Mais au lieu de cela, j'avais simplement construit autour de moi une prison de pensées, un labyrinthe intellectuel qui m'éloignait de plus en plus de la simplicité essentielle de l'existence spirituelle.

Il fallait reconnaitre que dans cette accumulation obsessive de savoir, j'avais négligé l'essence même de ce que signifie être spirituellement connecté. La spiritualité ne réside pas dans les livres ni dans les débats intellectuels, mais dans l'expérience vécue, dans les connexions silencieuses avec le monde et dans la tranquillité de l'instant présent. Mon égo, en se nourrissant des écrits et des débats, avait omis l'aspect le plus fondamental de la spiritualité : la connexion authentique avec soi-même et avec l'univers.

 

La vérité, cette entité insaisissable, flotte quelque part entre la simplicité pure et une complexité labyrinthique. Elle se dérobe sous des voiles subtils, s'éloignant des sentiers bien tracés par l'éducation et la culture traditionnelle qui cherchent à la capturer dans des filets de définitions rigides et de systématiques éducatives. Ces institutions souvent limitées, tendent à forger nos esprits selon des schémas préétablis, niant souvent la richesse de l'exploration personnelle et de la découverte spontanée.

Le bonheur, la spiritualité et le divin sont des concepts qui transcendent la pensée ordinaire. Ces réalités ne peuvent pas être pleinement saisies par l'intellect ni enfermées dans les cages dorées des mots. Elles résident dans une sphère de l'être qui est au-delà de l'orgueil du moi, dans cette dimension intangible et constante de nous-mêmes qui ne demande rien, qui ne réclame aucune preuve ni aucun éloge, mais qui absorbe et reflète tout ce qui est bien, beau, bon et vrai.

Cette essence de notre être observe silencieusement notre passage sur cette terre, telle un spectateur impassible. Elle ne juge pas, ne critique pas, ne s'embarrasse pas des petites vanités humaines. Elle est le témoin éternel de nos joies et de nos peines, assistant à notre spectacle d'incarnation sans jamais intervenir de manière ostensible. Sa présence est celle d'une conscience pure, un fond d'écran permanent à nos expériences éphémères, offrant un espace dans lequel nos vies se déroulent.

L'erreur courante de notre culture, axée sur l'obtention de résultats et la performance, est de négliger cette partie de l'être au profit d'une course effrénée vers des accumulations extérieures : savoir, possessions, statut. Mais la véritable compréhension de concepts aussi vastes que la spiritualité, le bonheur, ou le divin ne se trouve pas dans cette accumulation, ni dans la capacité à articuler des doctrines complexes, mais dans l'expérience vécue de se connecter avec cette essence intérieure.

Reconnaître cette vérité implique souvent de défaire ce que nous avons appris, de déconstruire les idées reçues pour retourner à un état de présence pure, où l'on peut véritablement ressentir plutôt que simplement penser ou analyser. C'est dans ce retour à l'essentiel que l'on peut, paradoxalement, atteindre les sommets de la compréhension spirituelle et du bonheur authentique, non comme des conquêtes de l'esprit, mais comme des révélations de l'être.


Permettre à cette partie essentielle de nous-mêmes de s'exprimer implique un déplacement radical de perspective, une transition de la prédominance de notre mental analytique vers une écoute plus profonde de notre essence intérieure. Cela requiert de dépasser les barrières habituelles de la pensée qui, souvent, filtre et déforme nos expériences à travers des préjugés, des attentes, ou des jugements préconçus. Quand nous commençons à vivre et percevoir à travers nos sens, en pleine conscience, nous nous ouvrons à la richesse immédiate du moment présent, capturant la vie dans sa pure expression.

Dans ce processus, nous nous détachons des réactions automatiques pilotées par le mental pour embrasser une approche plus intuitive et sensible de l'existence. Nous commençons à voir, entendre, toucher, goûter, et sentir avec une nouvelle fraîcheur, sans l'interférence constante des pensées qui tentent de catégoriser et d'analyser chaque impression. C'est une forme de redécouverte du monde, une révélation des merveilles simples qui nous entourent, souvent ignorées dans le tumulte de nos vies occupées.

Lorsque cette transformation se produit, l'amour devient la qualité naturelle de notre interaction avec le monde. Il ne se manifeste pas par des gestes grandioses ou des déclarations passionnées, mais plutôt à travers une joie simple et profonde. Dans cet état, chaque petit moment détient une perfection intrinsèque; le sourire d'un enfant, la douceur d'une brise, la couleur changeante du ciel au crépuscule, tout prend une dimension nouvelle, teintée d'émerveillement et de gratitude.

Cet amour est subtil, il n'éclate pas en feux d'artifice émotionnels, mais brille doucement, illuminant notre quotidien de sa lumière sereine. C'est un amour qui ne demande rien en retour, qui ne cherche pas à posséder ou à imposer, mais qui offre simplement, qui accepte et qui célèbre l'existence dans toute sa diversité et sa splendeur. Vivre de cette manière transforme non seulement notre propre expérience de vie, mais également celle de ceux qui nous entourent, car cet amour a le pouvoir d'inspirer, de calmer et de guérir.

En fin de compte, en laissant cette partie de nous guider nos actions et perceptions, nous redécouvrons les joies simples de l'existence et nous reconnectons à la vérité que tout, absolument tout, dans l'ici et maintenant, est déjà parfait. Nous apprenons à vivre dans un état de présence enrichissante où chaque instant est suffisant en soi, complet sans l'ajout artificiel des constructions mentales.


Cette révélation sur laquelle je médite n'implique pas un rejet du savoir ou de l'intellect ; elle propose plutôt de les transcender. Elle nous invite à explorer au-delà des frontières traditionnelles de la connaissance pour toucher à une sagesse plus authentique et profonde, celle qui se niche dans le calme de notre être intérieur et qui se manifeste dans la simplicité de notre existence quotidienne.

En regardant en arrière, je reconnais maintenant que les erreurs commises le long de ce voyage intellectuel n'étaient pas dépourvues de sens. Chaque faux pas, chaque détour m'a rapproché de cette prise de conscience cruciale : l'importance de réintégrer l'essence de mon être dans chaque aspect de ma vie. Ces erreurs m'ont enseigné que la vraie connaissance n'est pas seulement celle que l'on trouve dans les livres ou que l'on discute dans les salles de conférence. Elle réside aussi dans l'écoute attentive de la voix silencieuse de notre âme, qui parle non pas à travers les mots, mais à travers les expériences et les sensations.

Il s'agit désormais de vivre non pas en tant qu'écho de mes lectures, répétant les pensées et les idées d'autres avant moi, mais en tant que véritable expression de mon âme. Cela signifie honorer ma vérité intérieure dans mes choix, mes actions, et mes interactions. C'est un engagement à être pleinement présent dans chaque moment, à reconnaître la richesse et la leçon cachée dans les occurrences les plus simples de la vie.

Cette transformation demande un courage considérable. Il est parfois plus facile de s'accrocher aux théories et aux idées abstraites qu'à la réalité tangible de notre propre expérience spirituelle. Pourtant, c'est dans cette réalité, dans le terreau fertile de notre vie quotidienne, que nous pouvons cultiver une relation plus profonde avec nous-mêmes et avec le monde.

La véritable expression de l'âme n'est pas une quête solitaire. Elle enrichit nos relations, elle illumine notre façon de voir le monde et elle inspire les autres à chercher leur propre vérité. Vivre ainsi transforme l'existence en une œuvre d'art, où chaque geste, chaque parole, et chaque silence porte la marque de notre authenticité et de notre connexion à la vie dans toute sa splendeur. C'est une invitation permanente à vivre non seulement avec intelligence, mais avec sagesse.

Yann LERAY@2024
 

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G
Quelle richesse ! Merci infiniment Yann.
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H
On doit être branché sur la même chose; c est à peu près ce que j’écrivais hier: boulimie égotiste de connaissance et de savoir pour la part et finalement ce sentiment de m’être déconnecté de l’essentiel. <br /> A présenté vient l’heure d’apprendre en moins.
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O
Merci Yann.<br /> <br /> En effet, on peut se perdre dans les lectures sans plus savoir ce que l'on cherche finalement. Une lecture en amenant une autre on peut se perdre dans la finalité. Alors que l'essentiel est ailleurs. Merci pour cet éclairage.
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A
Merci de tout coeur pour ce très beau et émouvant partage...
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